lundi 26 janvier 2009

Part I - Prologue

PROLOGUE

ELLE : Je casse des barreaux de cellule à projeter les mots contre leur propre sens ; j’explose. Je vide les pilules et annonce le temps de l’innocence. M’aimeras-tu, ainsi ornée des milles cicatrices d’un Lucifer trop outragé ? Et puis, quelquefois, dessinant sur ta peau écaillée de longues craquelures encore toute saignantes, je redécouvre le sens du mot. Dire … te dire … imaginer te dire … pousser la trahison jusqu’à te dire … mordre de mes deux membres ta vue et ton pouls : tes sens perdus de toutes manières.

Me rendre l’unique semblant de secours ?

Tu es là, sans pouvoir me faire face (faire face à mon entité). Inutile. Et mes coups de pieds battant l’air avec rage, et mon propre avortement effréné, sanglant … Et ton immobilité. Mes cheveux déposés à tes pieds, ma salive qui te lèche le mollet, mes orbites sautant vers les tiens, mes ongles qui labourent la chair … Et tu ne bouges pas. C’est honteux.

Comment se perdre mieux, hein, dis-moi ? Non ? Pas l’humiliation de la chair dépouillée pour toi ? La soumission, c’est ça, n’est-ce pas, cette putain de soumission qui fait dresser ton putain de membre ? Merde. Je me souviens que tu me disais « ce n’est pas du désir que j’ai pour toi mais de l’amour ». Et dans ton amour, elle vit où la femme que je suis ? Il est trop propre pour la chair ? Alors soit l’un soit l’autre … Désir ou amour, au choix ?

L’objet-sexe inanimé et crevé. On lui colle son image parfaite, partiellement construite sur des données réelles de ces illusionnistes magnifiques qui bombardent nos murs et nos cerveaux d’images plastifiées, perfectionnées, travaillées en vue de nos perceptions ; simagrées illuminées. Le baiser de l’oubli.

Alors il n’y a rien de tout cela que j’endosse avec responsabilité … Ta foutue vision de l’humanité calcinée… Tu préfères imaginer les dons qui m’habitent plutôt que d’assumer ma matière vivante et visible, qui brasse l’air, là, devant toi, qui s’agite comme un noyé inventif, imaginant toujours de nouveaux signes pour qu’enfin on le voit.

Tu me voies ?

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