vendredi 30 janvier 2009

Part I - 4.


LUI : Elle est seule. Je la voyais souvent, seule, là-bas, comme ça. Alors j’ai créé un lien. D’abord dans ma tête, en imaginant. Puis je l’ai vu, elle, comme ça. Sombre et froide, je crois, comme elle sera toujours. Une sorte de petit monstre qui se met à hurler si on appuie au mauvais endroit. Et ça m’arrive souvent.

Alors au début je faisais le chat, à pas de velours, avancée prudente, test de la matière, tâtonnements et chuchotements. Et puis merde, il a bien fallu que je finisse par foncer dedans. Depuis je pousse … Rien.

Et si c’est moi qui fatigues le premier ?

ELLE : Tu en trouveras une autre bien mieux que moi, ou seulement moins pire. Une avec qui tu pourras parler, qui voudra bien dire. Pas moi.

LUI : Je n’ai pas les armes en main ; et si je les ai eu, maintenant je les dépose à terre. Elles ne sont pas pour moi.

ELLE : Ou tu n’en veux pas.

LUI : Je demandais juste l’abandon, l’acceptation de la jouissance, la passivité simple du bonheur. Pourquoi a-t-elle si peur ? Je ne veux pas d’éternité dans ma vie, c’est bien trop long. Juste des bouts de sens, fragments d’espérance, de petites vies, des morceaux choisis comme ça, au hasard. Sans plus ni moins d’ambition.

ELLE : Tout ou rien.

LUI : Elle exige tout et ne donne rien. Si je ne donne rien, elle vomit tout. Par longues secousses entrecoupées de rires saccadés. C’est terrifiant. Et alors elle tousse, comme si elle cherchait à s’étouffer.

Je suis seul.

Parfois, elle me livre de brefs morceaux, à vifs, tout crus, toujours saignant. Comme si c’était ça, sa vie : un lambeau de chair finissant de saigner. Ça pue.

Alors on oublie. Tous les deux. Qu’elle existe.

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