vendredi 6 mars 2009

Part III - 3.

Je suis seule et j’attends. J’attends que la vie reprenne son sens. Mon rêve sans nom s’est endormi. Je reste ici, à l’intérieur. Un espace défini que je connais par cœur, que je peux parcourir les yeux fermés pour ne pas voir, ne pas sentir la vie qui continue de se faire sans nous. J’avais imaginé un monde à deux. Il faut désormais que j’efface du dessin ta silhouette. Je pose les mains sur mon corps nu, je sens la peau ravagée qui ne t’as pas encore oublié, qui continue de frémir qu’en j’évoque ta présence.

Comme une force irrépressible qui me tire par le bas du ventre et m’oblige chaque matin à poser un pied devant l’autre, encore et toujours. Je ne l’ai pas voulu.

Vers les anges nobles de la mort. A chaque soleil nouveau, à chaque souffle doré qui vient salir cet air, je me porte un peu plus vers vos bras ouverts.

Il faut que je prenne des décisions. Je le sais. Celle d’avoir un lieu ou un fils, celle de partager ou non, celle de continuer à rêver ou de commencer à vivre.

La conscience comme seule guide. Mais si facile à altérer cette conscience, à tâcher de substances enivrantes, à fléchir par les affections, à pourrir par les désirs inconstants et indéterminés de mon être. Carte blanche à la folie de dire oui, oui à tout et à tous. Mais mes épaules sont bien trop étroites pour ce travail. Je suis étroite. A quand la rébellion du corps par l’amour ? C’était avec toi.

Une fleur en bandoulière, une autre pour couronne et une dernière enfin en guise de miroir. Je pourrais le croire.

Le miroir des autres ne me fait pas semblable à celle qui veut vivre en moi. Je ne devrais plus accepter de les regarder et de les vivre. Tu ne me regardes plus et je ne vis plus. Hors de ma vue, tous, pour cesser de me nuire. Peut-être est-ce pour cela que tu es parti. Je suis morte tant de fois par la faute d’autrui. Tu es le dernier de mes bourreaux.

L’injustice du coup de grâce porté par une action qui ne me concerne même pas. Combien de fois ? Combien de fois ce cauchemar solitaire de chutes ascensionnelles alors que c’est l’autre qui tombait avec lui-même ? Dans la nuit. Ils vivent loin de leurs rêves, en croyant à vous, et par un soir d’hiver, ils m’accompagnent au cimetière pour en revenir seuls, avec le sourire au bord des lèves, inconscients de l’acte commis. Combien de fois à regarder ce sourire, la lame brûlante transperçant ma chair de l’œil jusqu’à l’intestin ? A sourire en retour ?

Je n’ai pas trouvé l’issue dans la voie des autres. Je le sais et je continue pourtant de la hanter, maudite.

jeudi 5 mars 2009

Part III - 2

Aujourd’hui j’ai marché, couru même, à perte de vue, comme un insecte tourmenté par son propre bourdonnement. Tu ne viendras plus. J’ai cherché des regards où planter mon cri puis me laisser tirer. C’est fou comme la dépendance provoque la fuite. Je suis seule à présent. Comment apprend-on cela ? Où harponner ces matins engourdis de fumée nauséeuse si ce n’est pas dans ton regard ?

J’ai pensé volupté aussi. Remplacer une dépendance par une autre. Me vautrer dans d’autres folies que la tienne. Je ne sais pas. Et j’entends encore ton souffle mesquin :

« Pas encore ».

Et si je ne voulais pas ? Jamais. Si je refusais ? Si je disais non à ce voyage sans retour dont je ne fais plus parti ?

Mais je ne décide plus. Tu as décidé une fois pour toute. Pour nous deux. C’est dégueulasse.