jeudi 29 janvier 2009

Part I - 3.


ELLE : J’ai besoin d’aide, là, maintenant, tout de suite. De tous ces gens qui m’ont aimé, perdu, possédé, outragé. J’ai besoin de mots pour peupler ce vide, pomper leur vie pour remplir la mienne. Trop seule, trop silencieux, trop évident. Je n’en peux plus. Peut-être que si, je peux encore puisque je suis là à hurler comme une sale mioche contre ces quatre murs que je ne peux pas exploser. Je veux voir la vie, la ville. Ses lumières, son souffle, son souffre. Perdre mes sens. Trouver un étau de corps où m’enfermer enfin. Penser trois rues et suivre le premier qui s’engage.

Premier élan. Là, immédiatement, comme une évidence : être parce que les autres sont aussi. Sans me reconnaître. Me greffer à eux, qu’ils se greffent à moi, à mon corps. Sentir l’évidente chaleur, sentir l’étouffement soudain : ils sont là. Oui, ils sont là, au milieu de moi. Milles voix obsédées.

Je n’ai pas fumé jusqu’à l’écœurement aujourd’hui. Faute de goût. Je n’ai pas tué non plus : initiative personnelle. Mais qui ? Comment ? Je ne sais plus. J’ai perdu l’envie permanente, juste des sursauts qui existent, parfois, au milieu des silences.

Foutu bruit qui n’existe que pour les autres. Même le mien ne se fait pas entendre. Alors vous voulez que je crie, c’est ça ? Que je crie pour qu’on vienne me consoler ou me jeter ? Comme ça j’aurais une révolte légitime. Un droit d’exister.

Je ne veux plus te voir, plus te penser, plus t’exister : tu bouscules trop de choses.

Hommage à la psychiatrie moderne.

Tu me manques pourtant, partout.

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