mercredi 18 février 2009

Part II - 3

Elle se retourne. Lui demande de parler. Lui demande de raconter même si elle sait que chaque parole prononcée sera une autre fin du monde. Le début d’un film qui va tourner dans sa tête encore longtemps, la rongeant peu à peu comme une vieille charogne, la vidant de son être, l’humiliant chaque fois un peu plus. Mais elle écoute et creuse les mots en elle. Comme pour être sûre. Elle ne bouge toujours pas.

« Tu es là calme, et tu me regardes. Je voudrais me jeter entière sur toi et te décapiter, t’arracher ta sale caboche qui se tient obstinément droite, te retirer ces yeux qui me regardent fixement et ne me laisse pas m’échapper. Je voudrais pouvoir te fuir, sauter hors de ce lieu qui est le nôtre, courir droit vers le nulle part. Mais je ne peux pas. Je sens l’obstacle qui bute contre moi. Et moi, je voudrais seulement fermer les yeux, te laisser à tes paroles que je ne comprends pas, que je ne veux pas comprendre, que tu maîtrise trop bien, qui ne sont pas les miennes. Je pars pour l’autre monde. Celui où je retrouve mes cris d’avant, mes hurlements du bas du ventre, mes tâches de sang qui giclent sur les murs. Et ta voix continue d’être là. Je n’en veux pas, entends-tu ? Je ne veux pas de toi en cet instant, juste trouver l’espace de hurler et puis peut-être après, pleurer. Je t’aime. Non, je ne l’ai pas dit. Tu ne l’entendras pas. »

Il continue de parler. D’expliquer. A nouveau elle ne bouge plus. Comme morte. Une poupée de chiffon trop longtemps traînée sur le sol et devenue toute sale avec des trous partout.

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